samedi 3 août 2013














Ce livre parle du désir, aussi n’est-il que précipitation, urgence et tumulte : une femme va vers son amant et le quitte vingt-quatre heures plus tard. Mais mon court roman a une longue histoire, très personnelle. J’étais encore une adolescente lorsque j’ai lu pour la première fois une nouvelle de Robert Musil dont je reprends ici le titre et la thématique. Autant dire que son questionnement m’a accompagnée toute ma vie : faire la part entre désir et amour, liberté et fidélité, soi et l’autre. Un engagement ne se brise pas si facilement, ferait-on tout pour être infidèle qu’on ne le pourrait pas, car ceux que nous avons aimés nous constituent, sont mêlés à nos fibres. Ces questions surgissent dans n’importe quel couple et sont, je crois, d’une grande actualité. Aux fantasmes très masculins de Musil sur la sexualité féminine j’oppose les contenus et les pratiques typiques de notre époque, avec le grand bal masqué de l’internet en arrière-plan. Mais, comme lui, je fais un reportage en direct de l’âme humaine, comme lui, au lieu de montrer ce qu’il y a dans l’âme, je me demande plutôt ce qu’il en est de l’âme. Elle est ce qui reste après avoir épuisé l’action, après avoir tout fait, après être revenu de tout. J’espère que mes pages, mes phrases ont cette clarté et cette transparence. Cette nudité en somme. Si j’atteins mon but alors un écrit profondément solitaire pourra se revendiquer comme profondément solidaire avec l’expérience de beaucoup-beaucoup de femmes et de pas mal d’hommes.

Pour la forme, ce sont donc vingt-quatre heures dans la vie d’une femme, Béatrice (entre enfer et  paradis), qui tente de s’évader de son couple le temps d’une brève rencontre avec un inconnu. Pour décor, on a une voiture, de la pluie, on a Paris. Il y a trois personnages principaux, un quatrième plus mystérieux, homme ou femme, même moi, je ne saurais pas le dire. L’enjeu c’est de se sentir vivant. Où qu’on aille, on va à la rencontre de son propre visage. 

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